Description
Plus encore peut-être que celui de l’Art Nouveau, le mouvement de l’Art Déco qui en prend la succession – et n’a reçu que tardivement cette appellation dont la familiarité est à la fois réductrice et trompeuse – a été victime des clichés, et notamment de la superficialité d’une récente « mode rétro » : après « la Belle Époque » ce serait maintenant le temps des « Années Folles« , autour de 1925… Là encore pourtant, il s’agit de tout autre chose que d’un phénomène de mode passager, d’une simple « ambiance » ou même d’un « style de vie « , qui ne pourraient faire au mieux l’objet que de la chronique plus ou moins pittoresque d’une bimbeloterie à la qualité incertaine. Il s’agit bien d’art en effet, et d’un courant majeur, même s’il a été longtemps mésestimé, avec un mouvement international et de longue durée qui trouve ses plus solides origines à Vienne au début du siècle, s’épanouit à Paris dans les années dix et vingt en rayonnant sur l’ensemble de l’Europe., puis sur les États-Unis dans les années vingt et trente.
Et il n’est pas question non plus des seuls « arts décoratifs » proprement dits, mais bien d’une interrogation menée, une fois de plus, par les peintres et les architectes sur l’espace de leurs pratiques spécifiques, la place et la fonction que doit y assurer l’ornement en particulier, et plus généralement le concept même de « décor »: Matisse et Hoffmann, le peintre et l’architecte, le plus souvent considérés comme des individualités isolées, voire, pendant cette période, à rebours des tendances dominantes de l’art contemporain, sont au contraire ici les guides et les repères principaux.
Pour autant en effet on ne doit pas considérer non plus que tout l’art de l’entre deux-guerres pourrait relever indifféremment d’un même « style », sous la domination vague de « l’esprit de géométrie » par exemple. Les Artistes de l’Art Déco sont alors réunis par leur commune opposition aux diverses propositions des « avant gardes » dans ce que leur projet a volontairement de plus utopique. En face des idéologies du bonheur forcé, à venir dans un temps indéterminé, et qui supposent entre autres choses la fusion de l’artiste dans l’anonymat collectiviste, ils défendent au contraire, un art du présent, des individus et des situations concrètes, qui, sans renoncer à la modernité, réaffirme le droit et la vocation à un bonheur immédiat comme relevant de l’essence même de l’art – même si cet hédonisme résolu amène à se détourner de certaines réalités, ou à chercher en tout cas ailleurs que dans leurs aspects les plus dramatiques le véritable « sens de l’histoire ».
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