Description
Quatrième de couverture
«Tous les textes de Bonnefoy – poésie, proses, essais – comportent une suite de moments, comparables à ceux d’une traversée, où veille un désir partagé entre le souvenir et l’espoir, entre le froid nocturne et la chaleur d’un feu nouveau, entre la dénonciation du « leurre » et la visée du but. Ils se situent, pour ainsi dire, entre deux mondes (dans l’histoire personnelle, comme dans l’histoire collective) : il y eut un monde, une plénitude de sens, mais qui ont été perdus, brisés, dissipés. (C’est l’affirmation par laquelle commencent les doctrines gnostiques – et de les partager sur ce point rend Bonnefoy d’autant plus attentif à s’en séparer dans les étapes ultérieures.) Pour qui ne se laisse pas prendre aux chimères, ni au désespoir, il y aura à nouveau un monde, un lieu habitable ; et ce lieu n’est pas « ailleurs », ni « là-bas », il est « ici » – en le lieu même, retrouvé comme un nouveau rivage, sous une nouvelle lumière. Mais le nouveau rivage n’est lui-même que pressenti, préfiguré, inventé par l’espoir. Si bien que cet espace, entre deux mondes, peut être considéré comme le champ dans lequel se développe la parole de Bonnefoy, – champ qui s’ouvre nécessairement aux images du cheminement et du voyage, qui appelle la narration parfois, avec toutes les « aventures » qui interviennent dans les récits de quête : errances, pièges, fausses routes, entrées dans des ports ou des jardins. De fait, cette projection dans l’espace n’est qu’une image, une virtualité allégorique dont Bonnefoy sait qu’il lui faut aussi bien se défendre. Entre deux mondes : le trajet est essentiellement de vie et de pensée, il est constitué par le changement de la relation aux objets et aux êtres, par le développement d’une expérience du langage.» Jean Starobinski.
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