Description
« Le téléphone sonne. C’est Charlotte qui m’appelle d’Israël. Nous étions dans la même classe à Montélimar. Elle a été arrêtée après moi, mais je ne l’ai pas croisée à Birkenau.
― Qu’est-ce que tu fais en ce moment ? demande-t-elle.
― Je travaille sur l’amour.
Un silence alors, comme si le mot amour s’égarait, se cognait dans sa tête. Elle ne sait qu’en faire.
― L’amour au camp ou quoi ?
― Après les camps.
― Ah, c’est mieux. L’amour au camp, j’en ai pas vu beaucoup. »
Comment aimer, s’abandonner, désirer, jouir, quand on a été déportée à quinze ans ?
Retrouvant à quatre-vingt-neuf ans sa « valise d’amour », trésor vivant des lettres échangées avec les hommes de sa vie, Marceline Loridan-Ivens se souvient…
Un récit merveilleusement libre sur l’amour et la sensualité.
Marceline Loridan-Ivens a été actrice, scénariste, réalisatrice. Après le succès mondial de « Et tu n’es pas revenu, elle nous offre un récit hors du commun avec la complicité de Judith Perrignon, journaliste et romancière.
Marceline Rozenberg est née de parents juifs polonais émigrés en France depuis 1919. Au début de la Seconde Guerre mondiale, sa famille s’installe dans le Vaucluse. Leur dernière adresse est : Domaine de Gourdon à Bollène dans le Vaucluse2. C’est là qu’elle entre dans la Résistance. Capturée par la Gestapo avec son père, Shloïme Rozenberg3,4, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau par le convoi 71 du 13 avril 1944, le même que celui de son père2, Simone Veil5,6, avec laquelle la liera une amitié « indéfectible7 » et Anne-Lise Stern, puis à Bergen-Belsen, et finalement au camp de concentration de Theresienstadt. Elle recouvre la liberté à la libération du camp, le 8 par l’Armée rouge.
Elle épouse Francis Loridan, jeune ingénieur en travaux publics, engagé sur des chantiers lointains. Des années plus tard ils divorcent mais Francis autorise Marceline à conserver son nom9.
Elle adhère au Parti communiste français en 1955 et le quitte un an plus tard. Elle croise alors des « déviationnistes », comme le philosophe Henri Lefebvre ou le sociologue Edgar Morin10, tape des manuscrits pour des intellectuels, travaille au service reprographie d’un institut de sondage, est « porteuse de valises » pour le FLN et fréquente les nuits parisiennes de Saint-Germain-des-Prés11.
En 1961, Edgar Morin lui fait découvrir le tournage du film Chronique d’un été ; elle entre ainsi dans le monde du cinéma. En 1963, elle rencontre et épouse le réalisateur de documentairesJoris Ivens, de trente ans son aîné. Elle l’assiste dans son travail et coréalise certains de ses films comme Le 17e parallèle en 196812. Ils partent ensemble pour le Vietnam, où ils sont reçus par Hô Chi Minh11.
De 1972 à 1976, pendant la révolution culturelle déclenchée par Mao Zedong, Joris Ivens et Marceline Loridan travaillent en Chine et réalisent la série de douze films Comment Yukong déplaça les montagnes13. Critiqués par Jiang Qing, l’épouse de Mao, ils doivent quitter précipitamment la Chine14.
En 2003, elle réalise un film de fiction, La Petite Prairie aux bouleaux, avec Anouk Aimée, très inspiré de son parcours dans les camps (le titre est la traduction du nom polonais Brzezinka, germanisé en Birkenau).
Jusqu’à la fin de sa vie, elle donne des conférences et témoigne dans les collèges et les lycées sur la Shoah11.
À ses obsèques, le 21 septembre 2018, au cimetière Montparnasse à Paris, Delphine Horvilleur prononce son oraison funèbre15.
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