Description
« Kafka, c’était Prague ; et Prague, c’était Kafka. Cela n’avait jamais été aussi parfait et caractéristique qu’au temps de Kafka, et ne devait, par la suite, plus jamais le redevenir. Et nous, ses amis, les « happy few »(…), nous savions que cette Prague était partout contenue dans son oeuvre, en quantités infimes. »
Johannes Urzidil
Prague
A la fin du 19 ème siècle, Prague connut des transformations majeures qui changèrent l’aspect de la ville. C’est ainsi qu’en 1888 la commune acheta les buttes et la nouvelle Ville et les Vignobles royaux, quartiers qui, après la destruction des fortifications et la vente des parcelles à des personnes privées, purent se développer en un seul ensemble urbanistique.
Le territoire de la vieille ville fut lui aussi l’objet de transformations importantes du temps de Kafka.
Avec l’émigration des Juifs fortunés vers d’autres quartiers de la ville – à la suite du décret de tolérance publié par l’empereur Joseph II – d’une part, et l’immigration de couches sociales défavorisées et sans ressources, ainsi que toute une faune de voyous, d’autre part, la ville juive de Prague, aux limites de laquelle se dressait d’ailleurs la maison natale de Kafka, était devenue le quartier des pauvres au coeur de la grande ville, le quartier des tavernes douteuses, et avait sombré dans une prostitution et une criminalité galopantes.
Alors que la Vieille Ville, limitrophe, ne comptait vers 1890 que 644 personnes par hectare, on en comptait 1 300 dans le quartier émergent de ZiZkov, tandis que dans le quartier Josefov s’entassaient, en moyenne, sur chaque hectare, 1 822 personnes.
En 1885, un projet de loi réclame l' »assainissement » de la ville juive de Prague, délabrée et désespérément surpeuplée.
Avec la démolition de la ville juive, vieille de plusieurs siècles, et d’une partie de la Vieille Ville, extérieure au quartier juif, on espérait là aussi éradiquer la misère qui y sévissait et mettre fin à des conditions d’hygiène difficilement imaginables, responsables de foyers persistants d’épidémies de toutes sortes.
Lors de l’assainissement systématique qui fut entrepris à partir de 1897, après d’innombrables réunions et décisions, la pioche du démolisseur, allègrement maniée, eut malheureusement raison de la plupart des bâtiments historiques. Des considérations de santé publique avaient mis fin à l’existence d’une implantation déjà millénaire…
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